Dispaccio francese sulla questione italiana del 1860

Dispaccio di Thouvenel Ministro degli Esteri di Francia a Di Persigny ambasciatore a Londra sulla questione d’Italia del 1860

MONSIEUR LE COMTE,
Lord Cowley a bien voulu me donner lecture de plusieurs dépêches de Lord John Russell relatives à la situation de l’Italie et dans les quelles le principal Secretaire d’État de S. M. Britannique, en réponse aux comunications que vous avez été chargé de lui faire, ne se montre pas preoccupé au même degré que le Gouvernement de l’Empereur des conséquences extrèmes du mouvement qui agite aujourd’hui la péninsule. Lord John Russell est convaincu que Garibaldi ne saurait songer à attaquer l’Autriche sans le concours de la Sardaigne, et que la Sardaigne, de son côté ne se livrera à aucune agression contre la Vénétie s’il ne lui est point permis d’espérer l’appui de la France. Posée en ces termes, Mons. le Comte, la question tendrait à faire peser sur le Gouvernement de l’Empereur une responsabilité qu’il est de mon devoir de décliner en son mon de la façon la plus formelle. Voici ce que j’écrivais à M. le baron de Talleyrand au moment ou le Cabinet de Turin, malgré nos représentations, se disposait à confermer l’annexion de la Toscane:
Quelles que soient ses sympathies pour l’Italie, et notamment pour la Sardaigne, qui a mélè son sang au nôtre, S. M. n’hesiterait pas a témoigner de la ferme et irrévocable résolution de prendre les intérêts de la France pour guide unique de saconduite. Comme je l’ai dit à M. le Comte de Persigoy, dissiper les illusions dangereuses, ce n’est pas restreindre abusivement l’usage que la Sardaigne et l’Italie peuvent vouloir faire de la liberté que nous nous honorerons toujours de les avoir aidés à conquerir et que constatent, en définitif, les dernières déclarations que le Gouvernement de l’Empereur a obtenues de la Cour de Vienne: c’est simplement, je le répete, revendiquer l’indépendance de notre politique et la mettre à l’abri des complications que nous n’avons pas à dénouer, si nos conseils ont été impuissants à les prévenir.
Les événements qui se sont accomplis depuis cette époque n’ont modifié ni l’opinion ni le langage du Gouvernement de l’Empereur, et la Sardaigne sait à quoi s’en tenir sur la fermeté et la persistance invariable de nos intentions. Son attitude neam moins, en présence de la révolution qui éclate dans le sud de l’Italie, indique assez que, soit manque de volonté, soit dé faut de force, elle renonce à modérer le mouvement qu’elle a imprudemment laissé naitre. Comment supposer, dés lors, qu’elle puisse le comprimer à la dernière heure, et que le roi Victor Emmanuel, au contraire, ne soit pas entrainé fatalement à y ceder?
Bien loin, M. le Cemte, de croire avec lord John Russell, que le travail qui s’opère dans la péninsule n’ait pas pour but final une guerre avec l’Autriche, il me semble à peu près impossible d’admettre que cette lutte suprême ne devienne pas une nécessité logique de la situation. Il n’y avait qu’un moyen de l’empêcher; c’etait, comme le Gouvernement de l’Empereur l’avait offert au Gouvernement de S. M. B., que la France et l’Angleterre imposassent par son influence et couvrissent de leur garantie une trève pendant laquelle le Gouvernement Napolitain s’organisant sur des bases nationales et constitutionnelles, eût pu s’entendre avec le Gouvernement Sarde pour la conclusion d’une alliance sincère et permanente. Cette proposition n’a pas obtenu l’agrément du Cabinet de Londres; et pendant que les négotiations suivies a Turin aboutissaient à un avortement, l’armée destinée à envahir le Royaume de Naples se tenait prête à traverser le Phare. Encore quelques jours peut-être, et nous apprendrons qu’elle a engagé la lutte avec les troupes du roi François Jl. Je ne veux pas examiner jusqu’à quel point le principe de non -intervention proclamé par la France et l’AD gleterre pourrait désormais être opposé aux Puissances qui, sans l’admettre oficiellement, paraissaient disposées à y conformer leur conduite. Il ne s’agirait plus en effet de venir en aide à un souverain menacé par une révolution intérieure, mais de la proteger contre une agression du dehors. D’un autre coté, la crise qui traverse les états du sud de l’Italie a cela de particulier qu’elle a pour object, non de les reformer, mais de les délruire en confondant dans une unité que repoussent leurs traditions et leur histoire, et qu’elle affecte ainsi des intérêts qui concernent l’Europe autant que la Péninsule elle même.
La France, à raison de la position continentale, est obligée de peser ces considérations avec le plus grand soin, et il lui importe de ne point laisser l’opinion prendre le change sur le caractére de la politique. Le Gouvernement de l’Empereur doit à sa proprie dignité de ne defendre en Italie que les actes qu’ysont été accomplis avec son concours et son assentiment: c’est là une partie de sa tâche à laquelle il ne faillira pas: mais le traité de Zurich a rétabli entre lui et la Cour de Vienne une paix qui ne saurait être mise en péril par le fait d’autrui. Si toutes les clauses de ce traité n’ont pas été executées, l’Autriche sait que la faute n’est pas imputable à la France, et nous avons la ferme confiance qu’elle ne se prevaudrait, en aucun cas, de l’imprudence de l’Italie pour revenir vis -à -vis de nous sur les conditions qui out terminé la guerre de l’an dernier. Ce point acquis, M. le Comte, je ne dirai pas que nous n’ayons plus qu’à attendre l’avenir avec indifférence: nous verrions au contraire avec un profond regret se dérouler la série des événements qu’entrainerait l’attaque de la Vénelie: mais ce que je tenais à préciser, s’est que nous avons tout fait pour conjurer une catastrophe, et que le jour ou l’Italie perdra ses illusions, ce n’est pas à la France qu’elle pourra reprocher de les avoir en couragées.
Vous êtes autorisé à donner à Lord John Russell lecture et copie de cette dépêche. Agréez et.


Paris, le 22 Août 1860.
Signé: THOUVENEL

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