Lettera di Vittorio Emanuele II al Pontefice Pio IX dopo il Plebiscito del 1860
TRÈS SAINT-PÈRE.
Les événements qui se sont accomplis dans les Romagnes m’imposent le devoir d’exposer à V. S. avec respectueuse franchise, les raisons de ma conduite. Dix années continuelles d’occupation étrangère dans les Romagnes, en portant un grave préjudice à l’independance de l’Italie, n’avaient pu donner l’ordre à la société, le repos aux populations, l’autorité au Gouvernement. A la cessation de l’occupation étrangère, le gouvernement tomba sans que personne aidât à le relever et å le retablir.
Livrées à elles – même, les populations des Romagnes, réputées ingouvernables, montrèrent par une conduite qui mérita les applaudissements de l’Europe, que l’ordre et la discipline civile et militaire, apanage des peuples le plus civilisés, pouvaient également être introduits chez elles. Mais les incertitudes d’une situation précaire, dejà trop prolongée, étaient un péril pour l’Italie et pour l’Europe.
Lorsqu’il il fallut renoncer à l’espoir de voir se réunir un congrés européen devant lequel on porterait les questions de l’Italie centrale, il ne restait plus d’autre solution possible que celle d’interroger à nouveau les populations sur leur destinées futures.
La solennité du suffrage universel ayant confirmé la délibé ration pour l’annexion à la Monarchie constitutionnelle du Piémont, je devais l’accepter définitivement, dans l’intérêt de la paix et du bonheur de l’Italie: mais dans l’intérêt de la paix, je suis toujours disposé a rendre hommage à la souveraineté suprême du Siege A postolique.
Prince catholique, je ne crois pas manquer aux principes immuables de la religion que je me fais gloire de professer avec un dévouement filial et inaltérable.
Mais le changement qui s’est accompli aujourd’hui regarde les intérêls politiques de la Nation, la sécurité des Etats, l’ordre moral et civil de la société: il regarde l’indépendance de l’Italie, pour laquelle je serais prêt à perdre la vie. Les difficultés que l’ont rencontre aujourd’hui roulent autour d’une mode de domination territoriale que la force des événements a rendu nécessaire. Tous les Etats ont dû consentir à cette nécessité; et le saint Siege lui -même l’a reconnu dans les temps anciens et modernes – Dans toutes les modifications de la souveraineté, la justice et la raison civile de l’Etat conseillent de prendre les soins nécessaires pour concilier les droits anciens avec les in stitutions nouvelles; et c’est pour ce motif que, avec pleine confiance, dans les bous sentiments et dans le sens droit de V.S. je la prie de faciliter cette entreprise à mon Gouvernement, lequel ne négligera de son coté aucun moyen, aucun soin pour arriver au but dévisė.
Dans le cas ou V. S. accueillerait avec bienveillance les ou vertures actuelles, mon Gouvernement, prêt à rendre hommage à la haute souveraineté du Siege Apostolique, serait également tout disposé à travailler dans une égale mesure à la diminutions des charges et à concourir à la sécurité et à l’indépendance du Siege Apostolique.
Telles sont nos intentions sincères, et tels, je crois, sont les voeux de l’Europe. Et maintenant que j’ai, par des loyales paroles, ouvert mon coeur à V. S. j’attendrai le résultat des ses décisions en espérant, que, avec le concours du bon vouloir des deux Gouvernements, il s’établisse un accord qui, s’appuyant sur les principes et sur la satisfaction des peuples, assure aux relations des deux Etats une base durable J’attends de la bonté du Père des fidèles un accueil bienveillant qui fortifie l’espoir de voir la discorde civile cesser, les esprits exaspérés se calmer et tout le monde échapper à la responsabilité des maux qui pourraient résulter des conseils contraires.
Dans cette confiance, je prie humblement V. S. de me donner la bénédiction apostolique.
Turin, 20 Mars 1860.
VICTOR EMMANUEL.
Risposta del Pontefice Pio IX al Re di Sardegna
MAJESTE,
Les événements qui se sont produits dans quelques provin ces de l’Etat de l’Eglise imposent à V. M., comme elle m’écrit, le devoir de me rendre comple de sa conduite quant à ces événements. Je pourrais me borner à combattre certaines assertions qui sont contenues dans sa lettre et dire, par exemple, quel’occupation étrangère dans les Legations était depuis longtemps circonscrite à la ville de Bologne, laquelle n’a jamais fait partie de la Romagne. Je pourrais dire que le pretendu suffrage universel fut imposé et ne fut pas volontaire: je m’abstiens d’ailleurs de demander l’avis de V. M. sur le suffrage universel, comme aussi de dire quelle est mon opinion sur ce suffrage. Je pour rais dire que les troupes pontificales ont élé empéchées de retablir le Gouvernement légitime dans les provinces soulevées pour des motifs qui sont également connus de V. M. Je pour rais m’appesantir sur ces considérations et sur d’autres: mais ce qui surtout m’impose le devoir de ne pas adhérer aux pensées de V. M., c’est de voir l’immoralité toujours croissante dans ces provinces et les insultes qu’y sont faites à la religion et à ses ministres. Bien plus, quand même je ne serais pas tenu par des sermens solennels à maintenir intact le patrimoine de l’Eglise, serment qui me défendent de me prêter à toute tentative ayant pour but de diminuer l’extension de ce Patrimoine, je me verrais obligé de repousser tout projet fait en ce sens, afin de ne pas souiller ma conscience par une adhésion qui me conduirait à donner ma sanction et à participer indirectement à ces désordres et à concourir à rien moins qu’à justifier une spoliation injuste et violente. – Du reste je ne puis non seulement faire aucun accueil bienveillant aux projets de V. M., mais je proteste au contraire contre l’usurpation qui s’opère au detriment de l’Etat de l’Eglise, et qui laisse sur la conscience de V. M. et lout autre coopérateur à cette insigne spogliation les conséquences fatales qui en découlent. Je suis persuadé que V. M. en relisant avec un esprit plus tranquille, moins prevenu et plus instruit des faits, la lettre qu’elle m’adresse, y trouvera de nombreux motifs de repentir.
Je prie Dieu de donner à V. M. les grâces dont elle a surtout besoin dans les circonstances difficiles du moment.
Du Vatican, 2 avril 1860.
PIO IX.